Retour

Accompagner un proche malade

9 novembre 2015

Par Claire Foch NA-1464

Naturothérapeute

 
 
 
 

 

Nous sommes tous terrifiés par les tragédies des autres, c'est un fait; la raison, c'est qu'elles vous rappellent à quel point nous sommes vulnérables, nous aussi.                                    Douglas Kennedy (Quitter le monde)

 

Face à la maladie grave d'un proche nous aimerions être compatissants, mais le plus souvent nous ne savons pas quoi dire ni comment réagir... 

Alors, comment échanger avec une personne atteinte de cancer? Avec un proche de cette personne? Comment être aidant et que dire?

 

Ces questions et bien d'autres sont souvent posées dans mon bureau par des personnes qui souhaitent du soutien et se disent démunis. Il n'est pas toujours facile de se sentir à l'aise dans un contexte de maladie grave et potentiellement mortelle. Il n'est pas toujours facile non plus de trouver spontanément les bons mots.

Effectivement, nous avons tellement peur de blesser la personne malade ou celle qui l'accompagne, d'être malhabiles, que nous préférons souvent nous abstenir de tout échange, quitte même à éviter la personne.

Et pourtant! Si nous savions à quel point la personne malade ou son proche peuvent souffrir de ce silence... Oui, voilà ce que les personnes expriment régulièrement: ce silence, cette absence de relation rajoute encore à la peine et à la solitude déjà si présentes.

La souffrance, les inquiétudes quant à l'avenir, l'insécurité, les émotions envahissantes sont le quotidien des familles dont un membre est atteint de cancer. Pourquoi ajouter à cela encore une plus grande solitude, l'absence de contacts chaleureux, d'échanges bienfaisants et de compréhension?

Comme me disait une proche aidante: C'était difficile de trouver quelqu'un capable de comprendre ce que je vivais en dedans de moi, quelqu'un capable d’encaisser avec moi les coups, quelqu'un capable de m'accompagner et d’anticiper le pire qui allait arriver

 

Alors, comment agir? Quoi dire? Et comment le dire?

Il faut savoir que parler précisément de ce qui inquiète la personne est ce qui risque justement de lui faire le plus de bien. En exprimant ses peurs à quelqu'un de bienveillant, toute personne se sent accueillie, entendue et, tout à coup, moins seule dans sa souffrance.

Être écouté sans jugement, sentir l'autre disponible fait du bien, même si concrètement rien n'a changé: le réconfort ainsi apporté est bénéfique pour la personne, comme le dit Christophe Fauré Il est prouvé que le fait de parler réduit le stress et la dépression, même si rien n'est résolu concrètement.

 

Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs

disait le père de la Communication NonViolente, Marshall B.Rosenberg. Faisons en sorte que nos mots soient des fenêtres... grandes ouvertes!

En effet, si le lien avec la personne s'y prête et selon le degré d'intimité que vous avez avec elle vous pouvez lui exprimer votre empathie et lui dire qu'elle peut compter sur vous: Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit. Dis-moi comment je pourrais mieux t'aider ou te soutenir. Qu'est-ce qui te ferait le plus de bien actuellement et en quoi je peux t'aider à le réaliser?

À des proches, amis ou famille,vous pouvez faire des propositions plus concrètes, par exemple: Que dirais-tu si j'allais chercher les enfants à l'école ou les conduire à leurs activités? À quelqu'un qui accompagne une personne gravement malade, vous pouvez lui demander ce que vous pourriez cuisiner pour elle et sa famille ou, encore, si l'aider dans les tâches ménagères serait plus utile ou plus urgent.

Pensez aussi que si votre soutien au plan du quotidien est indéniablement une aide précieuse, n'oubliez pas non plus que cette personne a aussi besoin de temps de loisirs ou de repos. Sortir, prendre un café avec un ami, aller au cinéma ou se balader dans la nature sont des moments où elle peut souffler et recharger un peu ses batteries... loin de la maladie et de ses exigences.

Dans un contexte de travail, à un collègue malade ou qui accompagne un proche, vous pouvez lui exprimer combien vous êtes sensible à ce qu'il vit, que vous êtes là si, éventuellement, il souhaite en parler ou si vous pouvez l'aider d'une quelconque manière. Selon les circonstances, vous pouvez aussi provoquer une rencontre, comme aller manger ensemble un midi tout en lui laissant le choix d'en parler ou pas. Ce simple moment partagé risque de lui faire du bien et peut être le début d'un nouveau lien. Un simple et vrai Comment cela va aujourd'hui? est bon à entendre dans un tel contexte.

Prendre des nouvelles de toutes sortes de manières est aussi un petit geste à la fois simple et en même temps un véritable baume sur le cœur pour la personne; que ce soit un appel ou un message courriel, une carte ou un mot envoyé lors d'une date significative (un traitement, des résultats attendus, etc.). Les occasions ne manquent pas de vous manifester d'une manière ou d'une autre.

Éviter le sujet de la maladie et ses complications ou encore écourter la conversation sont de véritables coups pour la personne malade et le proche aidant. Celles-ci ressentent alors votre malaise, votre désir de couper court à l'échange en cherchant à les distraire de ce qui les préoccupe vraiment. Si vous vous sentez démunis dans ce contexte, il vaut mieux alors être vrai avec la personne et lui dire par exemple: Je suis tellement touché par ce qui t'arrive, je ne sais pas comment te dire que je ne suis pas indifférent, loin de là, mais j'ai peur de te blesser maladroitement avec mes mots.

Les mots authentiques sont ressentis comme tels, tandis que les formules toutes faites qui se veulent rassurantes comme Tu vas voir, cela va bien aller ou encore Sois positif sont des expressions qui ne soulagent pas la personne, mais au contraire l'empêchent de s'exprimer, de se confier et finalement coupent la communication.

 

Mots de réconfort ou gestes attentionnés?

Ce qui est parfois difficile à dire en mots est souvent plus facile à exprimer spontanément par des gestes, lesquels peuvent en dire beaucoup eux aussi.

Selon le contexte, toucher le bras ou l'épaule de la personne tout en l'écoutant, la regarder dans les yeux ou lui prendre les mains sont différentes manières de lui témoigner de l'empathie, de la sollicitude et une vraie disponibilité. Une accolade chaleureuse dit à la personne votre désir de la réconforter, elle peut dire aussi combien vous êtes touché et, par ce geste, vous lui témoignez votre solidarité.

 

Les bienfaits de l'authenticité

Alors, quelle que soit la situation ou le moment, osez être vrai et chaleureux, osez témoigner de votre humanité à ces personnes de votre entourage qui vivent une étape difficile de leur vie. Ce sont des moments précieux et marquants pour elles et, longtemps après, elles se souviendront de vos gestes ou de vos mots.

Pablo Casals l'exprime d'une manière simple et juste La chose la plus importante dans la vie, c'est de ne pas avoir peur d'être humain. N'est-ce pas ce qui nous relie profondément les uns aux autres?

 

 

Claire Foch, naturothérapeute, NA-1464

Coach en relations humaines (adultes et enfants)

Service d'accompagnement pour personnes atteintes de cancer

et leurs proches (à mon bureau à Saint-Basile ou par téléphone/Skype)

 

www.clairefoch.com

clairefoch@gmail.com

450-714-2147